Innovation vivante

Les récits que l’on fait de l’innovation sont souvent linéaires et froids, dépassionnés, en miroir plat de réalités pourtant extrêmement cabossées, faites de rebonds et d’ondulations, d’événements non anticipés.

Nous avons souvent une conception machiniste de l’innovation et nous aimons les canevas, les schémas, les formats…. Mais ceux-là, si lisses et bien structurés, ne résistent pas à l’épreuve du réel car ils en compriment l’épaisseur humaine, le dynamisme de la vie même.

Et si nous cessions de nous raccrocher à ces formes fixes, ces mécanismes figés ? Ils nous rassurent, certes, mais n’est-ce pas une manière de nier la complexité ? Respectons le fonctionnement naturel de tout projet, de toute réalité. La vie porte en soi l’innovatio, le renouvellement perpétuel, ce « jaillissement ininterrompu d’imprévisibles nouveautés » comme le dit Michel Serres, dans un mouvement fait de multiples circularités (innovare : « revenir à son point de départ »).

QAMAQI défend une nouvelle grammaire de l’innovation : des formes d’expression et de cheminement libres dans les projets, une « itinerrance » dans le changement qui laisse ouverts à la fois le chemin et le but, pour mieux accueillir l’imprévu et renouer avec la vitalité, l’avancée délinéarisée de tout projet, sans que cela soit négatif, bien au contraire ! Il s’agit de naviguer dans le chaos, de s’insérer dans le mouvement bien plutôt que de le conduire (changeons cette expression de « conduite du changement »!). L’innovation est un saut dans l’inconnu. Vouloir tout planifier nous enferme et fait passer à côté… de l’essentiel !

L’innovation s’appuie sur des constructions sociales aléatoires, des liens lâches, informels, non réglementés entre des individus qui s’engagent de façon libre et volontaire (parfois passionnée), dans des échappées hors hiérarchies libérant la prise d’initiatives et l’improvisation créative. L’innovation se nourrit de ces transgressions « positives » et requiert des façons de penser et d’agir plus agiles, flexibles, entrepreneuriales (cf. les communautés d’innovation).

QAMAQI promeut une « renaturation » de l’innovation pour déployer librement, pleinement, toute notre pensée inventive, présente naturellement, mais bridée la plupart du temps !

Dans ce sens, QAMAQI revendique également sa part d’animalité : s’appuyer mieux sur les forces organiques, instinctives et physiques, de la corporalité et de la sensorialité. Des mots qui font peur en innovation ! Et pourtant… Il y a une production considérable de connaissances dans l’engagement physique, ses données perceptives, sensorielles et sensibles (voir la mission pour PlayLab ici). On omet trop souvent la valeur de la spontanéité et de l’authenticité ancrées dans le corps (notamment en mouvement), ce qu’elles transmettent comme informations utiles. Cette « impulsivité » est une précieuse ressource pour les processus d’innovation, tant pour la détection des signaux faibles et la génération de nouvelles idées (réceptivité aux messages externes, renforcement des possibilités créatrices, lutte contre l’inertie, fixation des apprentissages) que pour leur transformation en projets (intéressement et enrôlement véritables des acteurs, richesse de leurs interactions, capacités d’agilité et de résilience). Une façon aussi pour l’innovation de gagner en désir, en se reconnectant à l’engagement de soi, la joie à créer, l’élan naturel, l’énergie ou « pulsion de vie » qui nous pousse à faire des rencontres et des liens inédits.

Mais comme le dit James March, professeur à Stanford : « Il y a un peu de magie dans le monde et de la folie dans les êtres humains, pourtant l’organisation est une des multiples choses qui échoue à produire des miracles ».

Le poids des organisations figées n’est pas une fatalité : QAMAQI vous aiguille sur le chemin non tracé, à tracer ensemble, de l’innovation VIVANTE !

“Il faut encore avoir du chaos en soi pour pouvoir enfanter une étoile qui danse” – F. Nietzsche