Innovation sensible

« Innovation sensible », fleur bleue ? QAMAQI aime les fleurs bleues ! Mais pas seulement… QAMAQI affirme son humanité et sa sensibilité, comme une valeur au coeur de son ADN, mais aussi comme une ressource cruciale et une condition nécessaire pour l’efficacité du processus d’innovation :

L’innovation est mieux reconnue désormais comme un phénomène social et relationnel, mais on sous-estime encore beaucoup les dimensions psychologiques, émotionnelles et cognitives. On dit souvent que les organisations ne regardent pas assez loin (au-delà de la pression économique trimestrielle), mais on peut dire également qu’elles ne regardent pas assez près (en-deçà des réalités pratiques et fonctionnelles), aveuglées généralement par les outils et les systèmes, qui cachent ce qui est moins palpable : les ressorts humains profonds… qui font pourtant que ces systèmes fonctionneront ! Pas de motivation, pas de process fécond. Au-delà de la faisabilité et de la viabilité d’un projet, il y a : sa Désirabilité ! Si on ne s’intéresse pas à la qualité de l’expérience humaine, à ce qui est humainement désirable dans un projet, si on ne permet pas à des aspirations essentielles de s’y déployer, alors on ne peut s’attendre à aucune mise en mouvement véritable et durable pour ce dernier. Ce serait comme tenter de faire pousser des fleurs sur du goudron (oui Qamaqi aime les fleurs). De nombreuses innovations n’ont pu voir le jour en l’absence d’« amour » (expression de Bruno Latour) entourant le projet ! D’où l’importance de la vision (QAMAQI est un obsessionnel de la question) qui sous-tend un projet d’innovation : quel sens global, économique et humain, donne-t-il pour l’organisation et ceux et celles qui la font vivre ?

Par ailleurs, une véritable richesse d’informations se niche dans la teneur expérientielle, émotionnelle, des rapports des individus aux projets et aux objets de l’innovation : n’attendons pas tout de la technologie, cherchons aussi dans les ressources immatérielles, dans la force et la quantité inépuisables de données qualitatives générées par les perceptions et les intuitions autour de l’expérience de nouveaux projets, produits ou services. On pourrait ainsi mieux tirer profit des subjectivités et singularités de chacun, souvent non-dites ou inter-dites. La création de valeur est parfois… à l’intérieur, en profondeur, dans ces espaces latents, dans ce qui est encore imperceptible, dans la subtilité de ce qui se joue entre les lignes. Dans ces actifs cachés, se joue un autre type d’intelligence « économique » qui multiplie les possibilités créatrices pour inventer de nouvelles stratégies, de nouvelles technologies, de nouveaux services, de nouveaux usages. Reconnaissons la valeur objective de la sensibilité comme productrice de connaissances utiles pour le processus d’innovation !

QAMAQI défend haut et fort qu’il faut sortir de cette dualité de ce qui est sensible et ce qui est rationnel. La réalité est beaucoup plus complexe (au sens de complexus : ce qui est tissé ensemble), loin des fantasmes qu’on projette sur la sensibilité qui serait comme une mystique sans rapport avec le monde réel. Il n’y a pas à distendre : on peut intégrer, on peut dépasser la dualité, allier la connaissance et la sensibilité. Celles-ci se raisonnent ensemble comme le dit Gilles Garel, titulaire de la Chaire de gestion de l’innovation du Cnam : « Plus nous sommes poètes, plus nous devons être chercheurs scientifiques, et réciproquement », ou pour reprendre la formule de James March, professeur à Stanford, pionnier de la théorie des organisations : pratiquons l’art de « combiner la poésie et la plomberie » !