Ce domaine est crucial pour toute organisation, or nous n’y voyons parfois qu’une question de valeurs humanistes ou la chasse gardée d’une économie spécifique orientée vers l’impact social (le « social » est alors dans l’esprit de beaucoup une sorte d’externalité). Mais nous pouvons, bien au-delà, considérer les questions « sociales » ou « sociétales » comme des sources d’inspiration pour l’innovation en général et comme des ressources pour cette innovation ; un contexte plus globalement dans lequel s’inscrit l’innovation. Au Québec par exemple, l’innovation sociale est associée de façon très naturelle à la créativité et non à un type d’économie “marginale”.
Croiser enjeux sociétaux (environnement, santé, cohésion sociale, etc.) et économiques stimule une quantité d’opportunités nouvelles. On le voit bien à travers les initiatives qui se multiplient autour de l’économie du partage : celle-ci ouvre sur de nouveaux acteurs contributeurs et concepteurs de services et de nouveaux modèles économiques dans lesquels les ressources ne sont pas détenues uniquement dans l’entreprise mais glanées et partagées à travers un large réseau d’acteurs. Comme le dit l’entrepreneuse américaine Lisa Gansky, c’est » rendre visible l’invisible, comme si on injectait du bleu de méthylène dans le système pour révéler tout le capital inutilisé ! »[1]
De même, les projets de business inclusif sont un véritable laboratoire d’innovation pour les entreprises, notamment pour le renouvellement de leurs compétences et connaissances et l’émergence de paradigmes économiques nouveaux (création de valeur partagée, open & bottom-up innovation, stratégies d’exploration…).
A l’image du biomimétisme qui s’inspire de l’intelligence de la nature, ces approches s’inspirent de l’intelligence de la société. Une sorte de social smart grid optimisant la combinaison des mailles du réseau ! Non pas comme un dogme militant ou un ‘simple’ appel du coeur, mais comme une réaction concrète et rationnelle face aux situations nouvelles et complexes, pour imaginer d’autres possibles et répondre à des besoins qui ne sont pas satisfaits.
[1] « L’économie collaborative : une mine d’or », Entretien avec Lisa Gansky, Hors-Série Stratégies, Transitions n°1, décembre 2013