« Le système organise son autonomie dans et par son ouverture » [1]. Cette ‘maxime’ d’Edgar Morin est très vivante aujourd’hui dans un contexte d’innovation intensive, où ce qui est décisif c’est la capacité des organisations à s’ouvrir à la valeur créée en dehors de leur périmètre, leur capacité dynamique à se renouveler et à se transformer au contact de leur environnement.
De façon croissante, l’échange économique capitalise sur ces interactions et les opportunités offertes par la multitude : crowd. -sourcing, -funding, -making (développement des fablabs et autres lieux de co-création où s’inventent de nouveaux produits ou services dans la « fertilisation croisée » entre différents milieux, métiers, sujets) ; partage de données (open data) ; mutualisation inter-acteurs plus largement (extension du domaine des partenariats et émergence de chaînes de valeur hybrides) ; capacités de création et d’auto-organisation des clients (DIY, co-conception, coordinations autonomes)…
Autant de nouvelles formes de création -ouverte- et de partage de la valeur à mieux explorer…
Dans ces nouveaux modèles, un point attire tout particulièrement mon attention, celui de la capacité, déterminante, à ouvrir son « système » aux adaptations et détournements possibles (et même souhaitables – cf. le robot Poppy conçu pour être hacké !) dans l’écosystème. Cette approche suppose une forte ouverture aux personnalisations/extensions/nouvelles prises, mise en avant dans les travaux de la FING sur la « ville légère »[2], inspirante pour tout acteur : « une ville qui sait ouvrir ses systèmes et espaces urbains, ne les pense plus comme des éléments terminés, mais comme des objets actionnables, espaces de proposition par et pour les citadins ». Il y a ici un champ énorme à défricher, poussé par le mouvement des Makers et hackers urbains [3] : celui des « objets communautés », des objets ouverts, qui partagent leurs schémas techniques, ou encore qui mettent à disposition des « prises » pour que ses utilisateurs les transforment (voir aussi cette excellente thèse sur la « part disjonctive » des objets).
[1] Introduction à la Pensée Complexe, 2005
[2] Alléger la Ville. Pour une innovation urbaine verte, ouverte et désirable – Une « expédition » de la FING, 2012
[3] Par exemple, Fabrique/Hacktion engage une ré-appropriation des espaces publics et collectifs, en installant des greffes/compléments d’objets, qui favorisent un usage, augmentent ou questionnent le mobilier urbain.